Le 31 mai, nous avons organisé une soirée à La Bellevilloise pour prolonger la campagne et réaffirmer collectivement la nécessité de mettre en place un programme d’accueil d’urgence pour les femmes Afghanes ayant fui en Iran et au Pakistan. Près de 200 personnes, représentant·e·s d’associations, d’organisations internationales, d’institutions, militant·e·s ou citoyen·ne·s engagé·e·s ont participé à ce fort moment d’échange et de mobilisation.
« Votre présence ce soir montre notre capacité à nous mobiliser pour les femmes afghanes. » (Delphine Rouilleault)
La soirée a débuté par la projection d’extraits du film « Afghanes » de Solène Chalvon-Fioriti, Grand-Reporter et réalisatrice, qui a enquêté plusieurs mois en Afghanistan après la prise de pouvoir des talibans.
Par les yeux de femmes afghanes, c’est l’horreur de vivre sous le régime taliban qui a été dépeint à l’écran, mettant en lumière leur situation dans un système qui ne cesse de brider leurs libertés et leurs droits fondamentaux.
Suite à la projection, la réalisatrice du documentaire, la Grand-Reporter Margaux Benn, et Shabnam Salahshoor, militante afghane arrivée en France en 2021, ont insisté sur la nécessité de poursuivre les mobilisations afin de provoquer une « prise de conscience » vis-à-vis de la situation actuelle des femmes afghanes et obtenir la création d’un programme d’accueil. La première forme d’aide pour toutes et tous est ainsi de relayer le plus possible l’appel Accueillir les Afghanes pour que le vécu de ces femmes ne soit pas ignoré.
« On nous demande souvent comment aider. Aider aujourd’hui, c’est relayer le plus possible cet appel, diffuser cette parole. L’action ensuite doit venir des autorités françaises. » (Margaux Benn)
Shabnam Salahshoor a appelé à la mise en place de différentes actions, notamment une simplification de la procédure de demande d’asile avec un accès facilité à des visas, des formations pour apprendre la langue française une fois les femmes arrivées en France, et la création de places d’hébergement.
« Les femmes afghanes en Iran et au Pakistan ont besoin de visas. Nous parlons beaucoup du sort des femmes afghanes et c’est une bonne chose, mais nous attendons maintenant des changements concrets. » (Shabnam Salahshoor)
S’il peut sembler complexe d’engager des actions en Afghanistan, des efforts peuvent être fournis dans les pays voisins (Iran, Pakistan), où les femmes s’exilent pour ensuite accéder aux pays occidentaux mais y restent souvent bloquées, dans des conditions indignes. Comme Solène Chalvon-Fioriti a pu le rappeler pendant l’évènement, leur situation dans ces pays semble parfois aussi précaire et dangereuse que celle vécue en Afghanistan.
L’évènement a aussi été l’occasion de mettre en avant le nouveau rapport d’Amnesty international, publié en collaboration avec la Commission internationale de juristes, La Guerre des Talibans contre les femmes. « La spécificité de notre rapport, c’est de dire que les persécutions sont basées sur le genre, systématiques, et qu’au regard du droit international, on est face à des crimes contre l’humanité. » a souligné le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller. De ce fait, pour Amnesty, les États doivent reconnaitre de façon automatique le statut de réfugié aux femmes afghanes. La soirée s’est poursuivie avec les interventions de signataires de l’appel publié le 21 avril et soutenu par plus de 350 personnalités : Dominique Attias, avocate, et Fabienne Servan-Schreiber, productrice de cinéma, ainsi que Céline Schmitt, porte-parole du HCR qui ont exposé ce que chacun·e peut faire pour soutenir les femmes afghanes.
« On ne lâche pas, on ne vous lâche pas, chacune, chaque fille, chaque femme, nous sommes toutes concernées. Ce sont les femmes du monde qui sont attaquées. » (Dominique Attias)
Pour Fabienne Servan-Schreiber, les films comme « Afghanes » peuvent être un vecteur important de sensibilisation et de mobilisation. Elle a appelé à se rassembler et à établir un réseau de soutiens aux femmes afghanes. Quant à Céline Schmitt, elle est revenue sur la nécessité de créer des voies légales d’accès à la France pour les femmes afghanes : « Il y a plusieurs voies légales que l’on peut construire à travers la mobilisation de différents acteurs : des couloirs humanitaires, des voies de mobilité par le travail, des couloirs universitaires, des couloirs permis par la réinstallation… »
Enfin, Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d’asile, a mis en lumière les moyens pour organiser l’accueil des femmes afghanes et leur garantir l’asile : « Nous demandons aux autorités de simplifier la demande de visa pour les Afghanes en Iran et au Pakistan, de renforcer nos consulats, d’organiser la protection de ces femmes sur place, de permettre leur arrivée sécurisée en France et de leur garantir l’asile. »













